Le terroir
le médoc
Il est une contrée singulière, calme et pondérée, le Médoc, « langue de terre » au milieu des eaux, ouverte sur l’estuaire blond au levant et bordée par la pacifiante forêt de pins au couchant. La presqu’île possède aussi une lumière à nulle autre pareille ; vaporeuse, lente, elle caresse avec indolence les milliers de pampres. Le miracle médocain réside dans cette alliance de l’air, de la terre et du complant¹. En dépit des avatars historiques, la notoriété de ses crus, préexistante au classement napoléonien de 1855, est demeurée intacte au point de devenir la référence pour les vignobles étrangers.
¹Définition d’Olivier de Serres.
saint-julien
Sur ces croupes caillouteuses, pétries de temps, modelées par une Gironde primitive entre Margaux au Sud et Pauillac au Nord, une concentration de domaines prestigieux. Malgré la petite surface de l’appellation (900 hectares), onze crus classés. Une agrégation de sciences et de valeurs humaines sur l’un des terroirs les plus réputés au monde. Les meilleurs vignobles, légèrement surélevés, contemplent l’estuaire immense (635 km²). Les sols, constitués essentiellement de graves, marnes et cailloux, confèrent aux saint-julien une élégance et une race toutes particulières. Des vins de grâce, de soie et de dentelle. Saint-Julien, assurément, une façon de penser, de sentir, d’aimer aussi.
les beaux cailloux
Du haut de ses rives ondulées de pampres, Ducru-Beaucaillou, tel un œil de tigre, bigarré et moiré, joyau serti dans sa couronne de vignes, a quelque chose de doux et d’éternel… Sa couleur d’or et de bronze appartient à la pudeur du jour, au velours de la nuit, aux noces du ciel et de la terre…
Point de hasard : le Château Ducru-Beaucaillou doit son nom à ces « beaux cailloux », appelés graves günziennes, galets de quartz charriés par l’ancienne Garonne au début du Quaternaire ancien, sans doute il y a près de deux millions d’années. Il suffit d’allonger ses pas dans les règes pour faire une abondante moisson lithologique. Lydienne des Pyrénées, silex, quartz, agatoïdes… Ces graves günziennes ont donné des sols maigres, qui contraignent la plante à puiser ses nutriments en profondeur ; l’été, les cailloux conservent la chaleur diurne qu’ils restituent à la vigne la nuit venue pour faciliter la maturation des raisins. Une élection naturelle qui garantit l’excellence qualitative des crus. Chaque cuvée, chaque millésime, explore une nouvelle « facette » de ces « beaux cailloux ».
À Ducru-Beaucaillou, les cailloux accomplissent le Grand Œuvre…
l'estuaire
Autre privilège des terroirs du château Ducru-Beaucaillou : sa proximité avec l’estuaire, le plus vaste d’Europe (635 km²), large ici de plus de trois kilomètres. Dans ce site d’exception, les quatre marées quotidiennes brassent d’importantes masses d’eau, qui atténuent les rigueurs hivernales, modèrent les canicules estivales, dévient les trajectoires de grêle, favorisent une respiration bienveillante.
On s’émeut aussi de sa haute poésie. Une lenteur majestueuse, des rives de silence, des eaux d’or qui s’abreuvent de nos rêveries et ensommeillent les voiliers. Depuis cet observatoire, on pouvait suivre autrefois le va-et-vient des gabares fines et des navires majestueux.